La performance depuis les jeux olympiques antiques et bien avant fait partie intégrante de l’humaine condition. Se comparer aux autres est une seconde nature humaine ; les divinités olympiennes en avaient fait leur passe-temps favori.
Mais la période contemporaine soucieuse d’aller vite a inventé la performance en une seule formule.
On appelle cela le KPI, le Key Progress Indicator, l’indicateur unique du progrès. Dans les entreprises ce fut, et c’est encore bien souvent le ROI de 15%. Avoir une rentabilité sur capitaux investis de 15%, c’est-à-dire rembourser sa mise en 7 ans. En Europe « on » a inventé le fameux ratio de 3% de déficit sur PIB. Pour son corps « on » a créé l’IMC, l’Indice de Masse Corporelle.
Tout cela est bien pratique. « On » n’a plus besoin de penser et d’analyser une situation complexe puisqu’elle a été simplifiée à l’extrême et qu’un seul chiffre permet de tout comprendre.
Admettons que le progrès soit le but, ce qui est loin d’être prouvé mais lutter contre le mythe du progrès est plus difficile de faire grimper l’Anapurna à un infirme ! Auprès des anciens et des nouveaux Bovary, des « vieux » et des jeunes, les théories de la décroissance ne font pas recette.
Si le progrès reste un objectif, deux questions subsistent avec ce fameux KPI.
• Peut-on l’enfermer dans un seul chiffre ? Poser la question conduit déjà au doute.
• Et si on se trompe de ratio, de type de chiffre, qu’advient-il ? On va dans le mur en klaxonnant. C’est visiblement ce qui commence à apparaître avec les fameux 3% du traité de Mastricht. En réduisant les investissements, on réduit les rentrées et le fameux ratio n’est jamais atteint. En imposant 15% de Retour sur investissement en Entreprises on néglige l’investissement et plus tard on le paye cher. Les maigres n’arrivent jamais à atteindre l’Indice de Masse Corporelle même en se goinfrant et les gros non plus même en se privant. Les indices uniques sont tous faux et cela, par paresse, nous ne voulons pas l’admettre, tant ils sont pratiques .Ils sont faux car même un très gros arbre ne peut cacher la forêt…
En Grèce antique, le roi de la performance était Heraclès (Hercule). A la fin de sa vie, après tant de combats vainqueurs, selon la tradition la plus ancienne, il devient fou et jette ses enfants dans le feu. Les anciens se méfiaient de la sur-performance, sans cesse renouvelée et nous montrèrent par là même que l’indicateur de performance humaine n’existe pas. Ils appelaient cela l’hubris, la démesure. Sans doute la maladie de notre monde contemporain !