Le Bovarysme sur “la place de la toile” de France Culture

La comparaison Bovarysme/nouvelles générations a intrigué Xavier de La Porte qui a souhaité recevoir Georges Lewi (Auteur de Les Nouveaux Bovary, essai sur la nouvelle génération et du roman Bovary21 sur la vie d’une blogueuse)  pour s’en expliquer le samedi 22 mars à 18 heures.

Près d’une heure d’émission pour rendre hommage à Flaubert et à ses modestes descendants…

http://www.franceculture.fr/emission-place-de-la-toile-tous-bovary-2014-03-22  

Gustave Flaubert

Ma chronique Influencia: Good business et souffrance au travail.

Décryptage du mythologue : Good business ou Souffrance au travail.

PUBLIÉ LE 19 MARS 2014
Décryptage du mythologue : good business ou souffrance au travail.

 

Le bien-être au travail est devenu un enjeu planétaire non pas par seul souci d’humanité mais parce qu’on a -enfin- compris qu’il est synonyme de productivité, surtout pour des nouvelles générations qui fonctionnent en mode projet. Mais on s’aperçoit qu’il y a deux façons de dire la chose : « Good business », en Anglais et « souffrance au travail », en Français.

La langue exprime le génie d’un peuple. Concise, pratique, concrète, l’Anglais accompagne le génie Américain qui vise à exprimer le résultat.

 La mythologie est d’abord une sémiologie

« Bien-être au travail » est un concept sans intérêt pour cette langue qui transcende le concept en résultat escompté : « Good business ». A contrario, le Français aime les concepts, se plaît à intellectualiser les faits pour leur donner du sens et chercher la signification cachée derrière toute réalité. Le travail est déjà étymologiquement « torture ». « Bien-être au travail » ne peut donc pas exister dans notre langue car c’est un oxymore insupportable. Ainsi, la recherche de l’efficacité devient-elle lutte contre la « souffrance au travail ». Pour la combattre, certes, mais le « mal est fait ». S’éloignant du paradoxe, la langue française a choisi la redondance. Ce qui se comprend aisément s’exprime clairement et en mode répétitif. « Bis repetita placent » disaient déjà les anciens. « La répétition plaît aux oreilles ».

Le droit doit-il entériner une situation ou la précéder ?

La science juridique est celle de la mise en textes et en normes des comportements permis ou prohibés pour permettre aux individus de vivre en société. Autrement dit, le droit met en lois la vision que la société a d’elle-même. Good business et souffrance au travail illustrent bien cette différence de vision. La société du « Good business » vise d’abord à la réussite économique. Elle ne sanctionnera que, plus tard, les abus les plus criants. L’individu est assez grand pour se défendre tout seul, c’est sa liberté et quasiment son obligation. La société de « souffrance au travail » pense l’individu comme un David contre le géant Goliath du monde du travail. Elle essayera de prévoir, en anticipation, les risques encourus par l’individu, victime a priori d’un environnement écrasant.

Les deux faces de la sémiologie d’un peuple ?

 Comme pour  le dieu Janus, une des plus antiques divinités, à l’origine de la création de Rome, cette question est à double face : qui ouvre la porte et qui la referme ? Janus a pour symbole une clé. Est-ce la pratique qui doit ouvrir la porte au droit ou au contraire est-ce d’abord le droit qui doit être principe de précaution (inscrit dans la constitution française) avant d’agir et de risquer de faire des erreurs ? Dans l’histoire de l’humanité mythique, ce furent les actions humaines qui firent le droit.

Puis vinrent les religions qui inversèrent la donne en édictant aux croyants la conduite à suivre avant même que l’action ne fut entamée. « Good business » ou « souffrance au travail », quelle est la meilleure façon d’exprimer une amélioration des relations sociales ? Le mythologue ne peut donc pas se permettre de donner un avis. Il peut seulement rappeler qu’il faut avoir ouvert la porte pour pouvoir la refermer.

 

Ma chronique Influencia. Triste César et joyeux Resnais!

Décryptage du mythologue. Triste César !

PUBLIÉ LE 05 MARS 2014
Décryptage du mythologue. Triste César !

 

La plupart des cérémonies « institutionnelles » sont « décevantes ». La 39ème cérémonie des César fut « mortelle ». On se poste devant la télé, pas pour le palmarès, mais pour voir des stars dans leur « vrai rôle », celui de leur vie face au succès ou l’insuccès. Face à leur intelligence et leur émotion non fardée. On attend du suspens, du rythme.

César, pas le sculpteur d’où vient le nom de la cérémonie, mais l’empereur romain qui fut tué par un des siens, par son propre fils : dans la mythologie ce sont souvent nos amis qui nous tuent. Rarement nos ennemis. Mais comment se débrouillent-ils ces gens du cinéma pour assassiner ainsi leur image, pour que la plupart des « bons mots » tombent à plat, que les introductions filmées ne fassent même pas rire la salle pourtant venue pour ça, pour faire aussi long à l’heure de la renaissance des courts métrages et des tweets ? Ils veulent prouver que leur art et eux-mêmes sont irremplaçables, indispensables à notre existence et ne montrent qu’une défense pesante de leur privilèges, de leurs « intermittents » comme si ceux-ci n’existaient pas ailleurs. Généralement, lorsqu’une corporation fait ainsi un panégyrique d’elle-même, c’est qu’elle est en effet en train de mourir, sans même s’en rendre compte. On appelle cela le mythe du Titanic : entamer la plus ennuyeuse des danses au moment même où se prépare le choc fatal.

 Un seul film primé. Son auteur ne savait plus quoi dire…

Palmarès univoque en faveur d’un film « juste dérangeant comme il faut » écrit et réalisé par le « meilleur élève de la classe » , celui qui fait rire les copains, sur un de ces sujets, sans doute bien réel mais également bien marginal par rapport à ce que vit la société dans son ensemble : la pauvreté pour beaucoup, la montée des racismes et des nationalismes, la difficulté des jeunes à trouver leur place, la fausse transparence du web qui enferme la vie privée… Ce « pauvre » gagnant qui ne trouvait plus ses mots comme perplexe devant le peu d’imagination de ses confrères du monde cinématographique. Que dire, en effet au 5ème remerciement «obligé » ? Ironie du sort, le lendemain de ces « César » mourait Alain Resnais dont le leit-motiv professionnel était : « mon critère avant de créer est de me demander : c’est vivant ou c’est mort ». Etre vivant, pour lui, c’était d’aller, sans cesse, de l’avant, de chercher toujours quelque chose de nouveau, de changer de mode narratif d’un film à un autre.

 Mon oncle d’Amérique

On entre au cinéma, dans une salle obscure, pour découvrir « en grand » la lumière, la lumière des sens, la lumière de la pensée.Alain Resnais, en plus de cinquante films, nous a montré le sens caché des mythes. Celui, d’abord, de cet « Oncle d’Amérique » film culte où se mêlent les représentations obsédantes de l’enfance et la réalité socio-économique, les comportements comparés des humains et des souris prises au piège d’un laboratoire, la narration sociologique et le vécu d’un biologiste, le professeur Laborit qui pose cette question : « Mais que se passe-t-il donc quand on ne peut ni fuir ni lutter face à une situation conflictuelle ? ».

 

César a été tué par son fils car celui-ci n’avait pas trouvé de réponse à cette question que devrait aujourd’hui se poser un cinéma en phase d’aporie, c’est-à-dire dans une impasse. Triste César où le cinéma semble naviguer entre ennui et autosatisfaction.