Bonnes vacances …malgré tout. Ma chronique Influencia

On les attend avec une impatience non dissimulée ? On est bien souvent déçu même si on n’ose pas toujours se l’avouer et encore moins le dire à ses copains et copines

Qu’est-ce qu’on attend des vacances ?

 Les études sur les attentes des touristes montrent que, dans l’ordre, on attend, tous ou presque, deux éléments de nos besoins fondamentaux, souvent « évacués » pendant l’année : reprendre contact avec la nature et se retrouver avec ses proches, faire ce qu’on n’était pas parvenu à faire tout au long de l’année, « rattraper le paradis perdu et effacer ses erreurs ».

 

Premier mythe. Les vacances ou le mythe de l’âge d’or. Arrêter le temps.

 

Dans la plupart des civilisations, l’âge d’or est celui qui suit immédiatement la création de l’homme, lorsque les ennuis n’étaient pas encore là .L’innocence de l’humanité, un paradis perdu où règne paix, justice, abondance, aucune contrainte. Surtout pas celle d’être obligé de travailler pour gagner sa vie et pour la terre des récoltes sans cultures..

 

La recherche en fait d’une innocence supposée avoir été perdue. Premier « Re » : retrouver le mythe d’un passé bien irréel, sans doute. Le poète latin nous dit qu’à cette époque : « les maisons étaient sans porte…les chênes donnaient du miel…On ne connaissait ni la colère, ni les armées, ni la guerre… »

 

 

Deuxième mythe. Les vacances ou l’illusion de rattraper les occasions perdues. Remonter le temps.

 

Pendant les vacances, on veut absolument « se retrouver ». Deuxième « Re ». C’est jugé fondamental pour ces couples TGV qui « se croisent toute l’année » et prendre du temps pour « voir grandir » les enfants. Chacun a en lui, comme l’illusion que ce sont les circonstances qui nous empêchent tous de réaliser cette harmonie des relations. Il y aurait des moments et des endroits où le « bonheur » pousserait comme les coquelicots dans un champ de luzerne ou les grappes le long d’une vigne sauvage.

 

Comme si les humains étaient des éponges qui pouvaient effacer sur demande, comme sur un tableau noir, les mauvaises notes des relations passées écrites à la craie blanche de nos colères sans lendemains.

 

Ce mythe est celui de l’illusion que tout peut recommencer où l’amnésie ne serait pas une pathologie mais la « façon normale » de vivre ensemble. L’illusion que l’on peut remonter le temps comme les aiguilles d’une horloge. Deux mythes contradictoires mais un espoir tout de même.

 

On est souvent déçu au retour de vacances quand on fait le bilan de ces attentes fondamentales. Le paradis n’existe plus sur terre, il faut bien se l’avouer. D’ailleurs, on ne le cherche pas vraiment. On prétend vouloir la tranquillité, voire la solitude et on se retrouve volontairement sur des plages bondées. Nous projetons tant d’espoirs à rattraper nos erreurs passées que nous ne pouvons qu’être déçus. D’ailleurs, croit-on réellement que deux semaines corrigeront tant d’années de frustrations accumulées.

 

Les vacances nous déçoivent car nous pensions, honnêtement sans doute, que le temps n’avait pas de prise sur nous, collectivement ou individuellement et que nous pourrions lutter à armes égales avec lui.

 

Les vacances ne peuvent pas nous aider à remonter le temps mais, paradoxalement, à créer un temps nouveau. Et du côté rencontres culturelles, gastronomiques et humaines, nous sommes rarement déçus. Les vacances pour être réussies ne doivent pas être un rattrapage mais un nouveau départ. L’année ne se termine pas avec les vacances dites « solaires » mais la nouvelle année commence au 1er juillet. Corrigeons l’erreur du calendrier.

 

Alors vive les vacances, la machine à créer du temps nouveau !

 

Coca, Teva… La terreur de la rumeur.

Il semble que l’affaire du Furosémide des laboratoires Teva ne se résume  finalement qu’à une mauvaise manipulation d’une patiente qui n’aurait pas rangé les “bonnes pilules dans la bonne boite”.

Première remarque: à force de vouloir faire cohérent les marques de génériques finissent par rendre la vie des patients difficile. Clamoxil (le princeps) était rouge. Amoxicilline (le nom du générique) a la couleur du labo, la même boite qu’un autre médicament pour soigner non pas la grippe mais le coeur, les poumons, les varices..

Branding des marques de génériques: à revoir!

On a annoncé immédiatement plusieurs décès. Enquête terminée: circulez! Il n’y a rien à observer de suspect du côté du somnifère. Aucun autre décès venant d’un mélange de médicament.

Quel sera la reprise par  les médias de ce démenti?

Va-t-on voir une évolution par rapport à 1999 où on accusa des canettes de Coca de maux de ventre pour les consommateurs et de traces de produit toxique…
Trois mois d’enquête de la justice belge et française ont finalement montré que c’était “un coup monté” , une rumeur.

Après plusieurs jours de JT de 20h. pour annoncer ,l’accident, le démenti ne fut présenté qu’une seul fois, en brève, au journal de la nuit (vers 1 heure du matin).Se déjuger est souvent difficile.

C’est pourquoi, la rumeur est toujours aussi difficile à combattre. Les  explications  rationnelles  du démenti pèsent toujours aussi peu face à “l’histoire qui fait peur”, au narratif effrayant. Au grand méchant loup qui rôde…

Histoire dont se délecte, à répétition, le genre humain.

 

 

 

 

Le temps de Zorro est revenu.Ce n’est pas une bonne nouvelle!

Delphine  Batho, Bernard Tapie, Nicolas Sarkozy, Jérôme Kerviel le riche trader épaulé par le “manant” Jean Luc Mélenchon…

Cette semaine a été riche en redresseurs de torts plus ou moins auto-proclamés. Les médias bruissent car ils aiment cela; Le grand Storytelling  est -enfin- de retour au sein de l’univers politique et de la sphère publique.

Depuis un an, il n’y avait que des hors d’oeuvre.On s’était habitué aux “saillies verbales” sans conséquences de tel ou tel ministre.

Là, avec cette concentration d’anciens héros en recherche de nouveaux combats et de nouveaux discours, on passe un cap, de la vaguelette à la tempête. L’affaire est préparée, l’été est  propice aux “unes” pleines de petites phrases, de sous-entendus, de vacheries de tous poils, de “combat de catch” comme aurait dit Roland Barthes.

Mais cette concentration de nouveaux héros qui vont sauver, l’écologie, l’économie, la politique, la morale…révèle surtout un profond mal-être de notre société. Les faux messies naissent lorsque les peuples se cherchent une voie.  Un homme, une femme providentielle, un héroïsme de roman apparaissent alors comme LA réponse, la seule dans le brouillard des choix à opérer.

Zorro fut la réponse symbolique à l’absence de probité en Amérique centrale et par extension dans le monde entier. Nous rêvons tous de retrouver ces êtres d’exception qui savent où nous conduire sans intérêt personnel ni dérive autoritaire.

Il faudrait dire aux peuples que rêver est l’apanage de l’humanité, que c’est ce qui fait, sans doute, notre différence par rapport au reste de la création. Rêver est symbole d’avenir meilleur. Mais il faudrait également donner aux gens la méthode pour différencier le vrai héros du faux…

Et là, les penseurs et philosophes qui devraient nous donner les “codes” sont un peu absents.Ils devraient être les alchimistes de notre temps et se contente souvent de n’en être que d’habiles chimistes.

A quand un code barre d’authenticité des critères qui permetteraient plus ou moins objectivement de juger de ce qui est efficace et qui ne l’est pas, de ce qui est honnête et de ce qui est trompeur?

Le temps des Zorro revient avec sa cohorte de storytellings bien huilés. Je ne suis pas sûr que nous soyons tous prêts à en comprendre la portée.

 

 

Je n’avais jamais vu Valérie Damidot comme cela.

Lors de l’intéressant colloque organisé par l’IUT de Nancy-Champagne sur le placement de produits et de marques, une communication lumineuse sur l’émission de Valérie Damidot dont j’ai retenu les trois points suivants:

  1. Le schéma narratif  (actanciel) parfaitement orchestré:
  • un problème insolubles chez des gens désolés.
  • Un émissaire magique qui arrive, le conte merveilleux peut commencer
  • Les experts.
  • La transformation. les péripéties
  • les gens désolés deviennent acteurs eux-mêmes.
  • Le temps adversaire, toujours vaincu.
  • La solution miraculeuse qui apparaît
  • La satisfaction et l’enthousiasme
  • L’émotion, les pleurs…

2. Le rôle du camion: il est omni-présent comme preuve du professionnalisme qui transporte les “bons ” matériaux

3. Le site internet, le 2e écran. On ne voit aucune marque à l’antenne mais elle sont là sur le 2e écran. N’ y vont que ceux qui sont intéressés et là, pas de difficultés à donner références, prix et distributeurs.

Je regardais souvent scotché sans comprendre vraiment pourquoi. Quand un storytelling est déroulé de façon parfaite, cela fonctionne également parfaitement; Audience, près de 5 millions de téléspectateurs pour chaque émission!

Le mythe de la baguette magique couplé au bon sen,s du “aides-toi, le ciel t’aidera” fait toujours recette.

 

Le film “les stagiaires ” tourné chez Google.De la marque-contenu à la marque-contenant.

On connait bien le “brand content” ou comment  une marque édite son propre contenu, off et on line, pédagogique ou divertissant et si possible les deux à la fois (advertainment) .

Autrement dit, grâce à cette nouvelle proximité avec les consommateurs, les marques interagissent avec les gens, sur la société, mais elles restent émettrices de messages, même si ceux ci sont de plus en plus éloignés de l’usage produit.

Désormais, les marques sont jugées si fortes qu’elles servent de scène de théâtre, d’unité de lieu au scénario et par conséquent qu’elles l’inspirent.

Selon le site Allociné: “Bien qu’une partie des Stagiaires ait été tournée en studio à Atlanta, Shawn Levy a pu réaliser certaines scènes à Googleplex, le siège de Google à la Silicon Valley en Californie. L’entreprise était, paraît-il,  en effet ravie d’accueillir l’équipe du film et attend avec impatience de voir Google et son fameux campus de Montain View sur grand écran…”

“La marque, c’est moi” se serait écrié de nos jours le vieux Flaubert! Le décor de nos vies est bien celui de nos marques. Le colloque universitaire de l’IUT de Nancy en fait son thème annuel: “la mise en scène des produits et des marques dans les films. Représentations, significations, publics.”

Car on voit bien qu’une histoire, un Storytelling chez Moulinex, Arcelor Mittal,  ou chez Apple n’aura pas la même intention, tant de nos jours, les marques sont devenues “nos mythologies contemporaines” (faute de mieux sans doute), c’est à dire nos histoires contextualisées.

Comme il y eut Da Vinci Code ou Belphégor au Louvre, pourquoi pas, demain, des séries policières sur  la recherche de la ministre de la Culture à la Fnac, les derniers hackers planqués chez Orange, ou le secret de la longévité dans les cuisines-usines de Lustucru?

Voilà, en effet, de nouveaux “relais de croissance” et de ressources pour les marques…Louer leur image et leurs espaces pour développer la notoriété et l’attribution d’autres représentations sociales.